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Le plan de relance européen patine et pourrait échouer - Le Matin

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Actualisé il y a 16h

Bruxelles

Pour convaincre, le président du Conseil européen avance des compromis. Mais rien n’est gagné, a avoué la chancelière allemande en entrant à la table des négociations ce dimanche matin.

Les représentants des Etats dits «frugaux» sont en réunion préalablement à l’ouverture du sommet ce dimanche 19 juillet.

Les représentants des Etats dits «frugaux» sont en réunion préalablement à l’ouverture du sommet ce dimanche 19 juillet.

AFP

Les Européens redoutaient dimanche de voir les négociations sur un plan de relance post-coronavirus massif s'achever sur un échec, au troisième jour d'un sommet européen laborieux à Bruxelles.

Malgré la «bonne volonté» des 27, «il est aussi possible qu'aucun résultat ne soit obtenu aujourd'hui», a prévenu la chancelière allemande Angela Merkel à son arrivée au sommet pour une journée qualifiée de «décisive».

Le président français Emmanuel Macron, qui défend ce plan à ses côtés, a lui prévenu que les «compromis» ne pouvaient pas se faire «au prix de l'ambition européenne».

Du montant global du plan, à l'équilibre entre prêts et dons, en passant par le contrôle des fonds versés ou un mécanisme liant les subventions au respect de l'Etat de droit dans les pays bénéficiaires, les points de dissension ne manquent pas.

Et l'unanimité nécessaire des 27 Etats membres rend un compromis particulièrement difficile.

Angela Merkel et Emmanuel Macron ont retrouvé en début de matinée le président du Conseil européen, Charles Michel, chef d'orchestre du sommet, pour décider de la marche à suivre, après 48 heures de discussions qui n'ont pas permis de faire plier les Pays-Bas et leurs alliés «frugaux» (Danemark, Suède et Autriche, ainsi que la Finlande), très réservés sur ce projet.

Selon une source diplomatique, l'Allemande et le Français doivent décider «sur cette base s'ils reprennent ou pas» le sommet, initialement supposé redémarrer à midi, mais dont la reprise a été décalée.

Nouvelle proposition

Le deuxième jour de discussion, sous haute tension, s'est achevé dans la nuit de samedi à dimanche sur une réunion «très dure», selon plusieurs sources, entre le président français, la chancelière allemande et les dirigeants des quatre «frugaux» et de la Finlande.

Après plusieurs tentatives infructueuses de compromis, Angela Merkel et Emmanuel Macron ont retrouvé à l'hôtel le dirigeant italien Giuseppe Conte --dont le pays serait, avec l'Espagne, l'un des principaux bénéficiaire du plan.

Sur la table des négociations, un fonds constitué par une capacité d'emprunt de 750 milliards d'euros pour relancer l'économie européenne, qui affronte une récession historique, adossé au budget à long terme de l'UE (2021-2027) de 1074 milliards d'euros.

Charles Michel, qui avait déjà présenté samedi une proposition révisée de plan de relance pour tenter de lever les réserves, doit en «tester» une nouvelle dimanche.

Une option est de modifier la répartition entre prêts et subventions en augmentant la part des premiers à 300 milliards (contre 250 dans la proposition initiale) sans réduire la part des subventions directement destinées aux Etats pour soutenir leurs plans de relance.

Les «frugaux» préfèrent nettement les prêts, que chaque Etat doit personnellement rembourser, aux subventions.

Questions fondamentales

Charles Michel a aussi proposé un mécanisme permettant à un pays qui aurait des réserves sur les réformes présentées par un autre Etat, en contrepartie des aides, d'ouvrir un débat à 27, soit devant le Conseil européen (c'est-à-dire les dirigeants), soit devant les ministres des Finances de l'UE.

C'est une réponse à Mark Rutte, qui réclame que les plans nationaux soient validés à l'unanimité des 27 --ce qui équivaut de facto à un droit de veto pour chaque capitale-- pour s'assurer que l'argent versé aux pays du Sud, jugés plus laxistes en matière budgétaire, soit dépensé convenablement.

Cette demande inquiète Rome et Madrid, qui craignent d'être soumis à un programme de réformes (marché du travail, retraites...) imposé.

Autre sujet délicat: le lien entre le versement des aides et le respect de l'Etat de droit, qui hérisse Budapest et Varsovie, actuellement dans le collimateur de l'UE.

Le Premier ministre hongrois Viktor Orban a accusé dimanche son homologue néerlandais, là aussi très impliqué sur le dossier, de vouloir le «punir financièrement».

«Je ne sais pas pour quelle raison personnelle le Premier ministre néerlandais me déteste moi ou la Hongrie», a-t-il déclaré lors d'un point presse.

Selon Viktor Orban la création d'un tel mécanisme exigerait «des semaines de négociations».

«Si le sommet échoue, ce sera pour deux raisons: l'opposition persistante de Giuseppe Conte (au mécanisme sur) l'unanimité réclamée par Mark Rutte, et l'insistance de (la Première ministre finlandaise Sanna) Marin et Mark Rutte sur l'État de droit», estime un diplomate européen.

«Le problème, c'est que ces questions sont fondamentales et ne seront pas résolues juste avec un second sommet», conclut-il.

(ATS)




July 19, 2020 at 07:11PM
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